ALPINISTES DE MAO, par Cédric Gras
Éditions Stock
Après les alpinistes de Staline, Cédric Gras a sorti en mars dernier un nouveau livre marquant, les alpinistes de Mao. Il y est question de géopolitique, de la sinisation du Tibet, et bien sûr, des ascensions chinoises de l’Everest. Comme Cédric Gras nous l’a raconté, après que le versant nord de l’Everest soit passé sous contrôle chinois, le parti communiste chinois décide de poser un buste de Mao au sommet de l’Everest. Sauf qu’il n’existe pas d’alpinistes chinois à ce moment-là. Culturellement, ça n’existait pas dans la Chine de l’époque. Ils s’adressent donc aux Russes pour former les alpinistes ! Et c’est là que l’histoire des alpinistes de Mao, dont certains n’éviteront pas d’être broyés par la Révolution Culturelle chinoise, devient passionnante. C’est l’histoire d’alpinistes inconnus ballotés dans le train infernal de l’histoire maoïste.
LA NEIGE EMPOISONNÉE, par Danielle Arnaud
Éditions Inverse
Alors certes, c’est une réédition de l’ouvrage du même nom publié en 1975, augmentée de plusieurs textes de spécialistes des stations et du tourisme alpin. En 1975, Danielle Arnaud, journaliste, publie une enquête fouillée sur le plan Neige de l’époque, du temps de la construction des stations de ski françaises. Ce qu’elle relève, c’est les « petites et grandes manipulations de l’époque. » Et raconte par le menu la création parfois ex nihilo des stations françaises. À l’époque déjà, c’est frappant, on questionne l’urgence climatique et le rôle de la science ; on constate que le business model des stations est sujet à caution. Commentatrice et auteure d’un addendum à cette nouvelle édition, Valérie Paumier écrit : « Cinquante ans plus tard, l’immobilier, la politique et l’argent du sous-titre originel sont toujours opérants et ralentissent dangereusement l’inévitable transformation de nos magnifiques territoires de montagne. Plus que jamais, l’histoire aide à comprendre le présent… et à construire le futur. » Un livre indispensable pour mieux saisir, en effet, ce qu’impliquent les enjeux actuels.
CARNET DE GUIDES, par Simon Parcot et Paul de Chatelperron
Éditions Glénat
Fanny Schmutz, Paulo Grobel, Jean Annequin, Lise Billon, Hugues Chardonnet… Ce recueil prend le temps de donner la parole à une quinzaine de guides de haute montagne avec l’objectif de dessiner le portrait du métier de guide, «un métier pas comme les autres. » L’un est écrivain, l’autre illustrateur : Simon Parcot et Paul de Chatelperron font équipe pour rendre hommage à la montagne « qui lie et délie les êtres, ainsi qu’à ces hommes et ces femmes aux mains calleuses qui gagnent leur vie à essayer de ne pas la perdre. »
IL ÉTAIT UNE FOIS L’HISTOIRE DE L’ESCALADE, par David Chambre et Catherine Destivelle
Éditions du Mont-Blanc
Raconter l’histoire de l’escalade, des origines jusqu’à nos jours, de Paul Preuss à Adam Ondra : c’est l’ambitieux pari de cette bande-dessinée qui est parue récemment aux éditions du Mont-Blanc. Mise en dessins par Laurent Bidot, la BD de David Chambre et Catherine Destivelle est une mine d’érudition, une compilation rendue possible par quatre années de travail et de réflexion selon Catherine elle-même. Autant dire qu’elle et David y ont mis du coeur. BD-phile ou tout simplement intéressé par l’histoire de l’escalade, ne manquez pas cet ouvrage original, à mi-chemin entre BD et livre d’histoire(s).
L’HOMME QUI VIVAIT HAUT, par Virginie Troussier
Éditions Paulsen, collection Guérin.
Il fait partie de ces quelques grimpeurs français visionnaires des années soixante-dix, surdoués de l’alpinisme, en avance sur leur temps et parfois oubliés. Virginie Troussier s’est penchée sur le cas Jaeger dans cette biographie sensible. Une légende, dont la disparition accentue, évidemment, le mystère de cette homme qui vivait pour vivre là-haut. Jaeger pourrait être un personnage simplement romanesque. Virginie Troussier ne s’arrête pas là. Elle sonde, explore les contours de la pensée complexe de Jaeger, esquisse des hypothèses, sans outrepasser les limites de la biographie. Avec justesse, elle souligne les évidences : la solitude de Jaeger est plus un épanouissement qu’une misanthropie. Comme d’autres alpinistes, sans doute.
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