Toutes les tranches d’âge jusqu’à 30 ans sont concernés par l’exposition excessive aux écrans. Dès la petite enfance pour qui c’est devenue un enjeu de santé publique majeur jusqu’aux ados. Ce constat alarmiste sur la santé mentale des enfants qui passent en moyenne 728h par an devant les écrans touchent les Z-Alpha. Reportage et solutions avec deux livres complémentaires.
PHOTO: Maarten Leyts, PDG de l’agence de marketing pour la jeunesse Trendwolves, qui vient de consacrer un livre** à la « micro-génération » située à l’interface entre la plus jeune génération Z, les natifs du numérique, et la plus ancienne génération Alpha, les enfants qui ont grandi avec l’iPad.
Santé mentale : Sur les réseaux sociaux, des jeunes en souffrance enfermés dans des bulles
Publié le 10/11/2023 par Diane Regny pour 20 minutes
De TikTok à Instagram, les plateformes utilisent un algorithme pour personnaliser ce que les utilisateurs voient, quitte à les matraquer de contenus néfastes. Les algorithmes des réseaux, et notamment de Tiktok, ont tendance à enfermer leurs utilisateurs dans des bulles qui peuvent devenir dangereuses pour la santé mentale des personnes déjà fragiles.
Amnesty International a publié un rapport estimant que le fil « Pour toi » de TikTok pousse parfois les jeunes vers du contenu dangereux pour la santé mentale. Conçus pour garder les utilisateurs le plus longtemps possible sur leur plateforme, les réseaux sociaux ont tendance à proposer des contenus de plus en plus personnalisés. Les utilisateurs qui souffrent de fragilité mentale se retrouvent alors parfois enfermés dans des bulles algorithmiques néfastes.
Dites-moi ce que contient votre page « Pour toi », je vous dirai qui vous êtes. Le fil continu de vidéos de cet onglet de TikTok s’élabore en fonction de vos intérêts et des données collectées par le réseau social chinois sur votre personnalité mais aussi votre état d’esprit du moment. A chacun sa bulle. Certains font défiler à l’infini d’adorables acrobaties canines, d’autres se passionnent pour la rénovation de vieux meubles. Mais pour les utilisateurs en souffrance psychologique, les murs de la personnalisation à l’extrême se referment rapidement. Et le fil « Pour toi » se transforme en véritable piège.
« Les réseaux sociaux sont conçus pour générer un maximum de temps de cerveau disponible pour les annonceurs.
Ils vivent de la publicité et, en vous poussant le contenu le plus pertinent possible, ils vous font rester plus longtemps », explique Paul Midy, député de la 5e circonscription de l’Essonne et rapporteur général du projet de loi pour sécuriser Internet. Car si vous adorez les courses de Formule-1, vous avez bien plus de chances de rester scotché à votre écran de téléphone si TikTok vous propose des vidéos de drifts plutôt que des images de ballet. Océane Herrero, journaliste et autrice de Le système TikTok évoque des « bulles subies ». « Sur TikTok, l’application choisit le contenu pour vous dès la première utilisation. L’utilisateur perd la main sur ce qu’il va voir et donc sa capacité à décider », note-t-elle.
Sans un bruit, l’algorithme s’adapte aux changements d’humeur ou aux passions naissantes de ses utilisateurs. « Tout est pisté, jusqu’au niveau de bien-être des utilisateurs », alerte Katia Roux, chargée du plaidoyer technologie et droits humains chez Amnesty International. L’association a d’ailleurs publié mardi un rapport dans lequel elle accuse le fil « Pour toi » de pousser les jeunes vers des contenus délétères pour leur santé mentale. Michael Stora, psychologue et auteur de Réseaux (a)sociaux : découvrez le côté obscur des algorithmes, évoque des « algorithmes doudous », pensés pour vous montrer « des vidéos qui vous correspondent, censées vous faire du bien ».
Mais si les utilisateurs s’intéressent à des contenus liés à la santé mentale, en l’espace d’une heure seulement « de nombreuses vidéos recommandées idéalisent, banalisent voire encouragent le suicide », accuse Amnesty International, qui a fait le test pour son rapport. « TikTok va pousser les utilisateurs à rester, quitte à leur proposer des contenus nocifs, pour les pousser à continuer à scroller », regrette Katia Roux, accusant la plateforme de « faire de la rentabilité sur les émotions des gens ».
Des ronrons aux scarifications
« Il suffit de s’intéresser à un sujet pour qu’il soit boosté et qu’il envahisse le fil pour toi de Tik Tok », explique Katia Roux qui dénonce cette « spirale » qui, « quand elle est proposée à des personnes dans une situation difficile ou un état mental fragilisé, est dévastatrice ». Car l’engrenage n’a évidemment pas les mêmes conséquences lorsqu’il s’agit de chatons ou de contenus promouvant la scarification. « Les adolescents vivent une crise de santé mentale » et « les données suggèrent que l’essor des médias sociaux a joué un rôle » dans celle-ci, rappelle Sydney Bryn Austin, professeure de sciences sociales et comportementales à l’université de Harvard qui a travaillé avec Amnesty International.
Source: www.20minutes.fr
**Deux livres qui approfondissent le sujet:
Maarten Leyts sur la « micro-génération » située à l’interface entre la plus jeune génération Z, les natifs du numérique, et la plus ancienne génération Alpha, les enfants qui ont grandi avec l’iPad.
Faites les lire: Pour en finir avec le crétin digital
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