
Grégoire Delacourt est une bonne surprise du monde littéraire. Phénomène en librairie, l’homme ne parait pas plus impressionner que ça par lui-même. Pourtant son roman La Liste de mes Envies a cumulé 500 000 exemplaires vendus en France et bénéficié d’une adaptation filmique (Didier Le Pêcheur en 2014). Depuis, Grégoire Delacourt continue d’écrire, d’interroger et de divertir. C’est au cours du salon de l’Ile de Ré « L’Ile aux Livres » que Romane l’a rencontré entre deux stands, pour ApprofonLire. Belle surprise !
Quels sont vos sujets de prédilections ?
Le grand thème, du grand thème du grand thème des grands thèmes de mon travail c’est l’amour. Ça a l’air ridicule dit comme ça. Il y a la romance, c’est [les éditions] Harlequin. Ça, moi, ce n’est pas ça. C’est explorer l’amour filial, conjugal, maternel, paternel, adultérin, grands-parents. L’amour au sens humain. En quoi cette chose soi-disant extraordinaire, qui devrait nous rendre magnifiquement et tragiquement heureux peut nous rendre facilement malheureux. Ça c’est le grand thème de mon travail : je mets en scène des romans qui parlent des gens, des relations entre les gens, pourquoi ça va pourquoi ça ne va pas. Je me rends compte avec le temps qu’au-delà de cela se pose la question du pardon qui est la seule chose qui nous rend tragiquement humain. C’est cette capacité qu’on a de pardonner ou de ne pas pardonner. Je n’en dirait pas plus.
Et votre style d’écriture ?
J’ai mon thème de l’amour au sens littéraire du terme et c’est le sommet d’une montagne. Il y’a quatre faces à une montagne, moi j’ai écrit deux faces, le nord et le sud. donc j’ai des romans qui sont très toujours sur le même thème : face sud c’est-à-dire plus chaleureux plus gros plus facile plus accessible plus confortable en apparence. Les autres sont face nord, verglacés, froids, très dures, plus violents. J’ai fait 13 romans en 16 ans. On peut dire que je suis un jeune vieux, j’ai commencé très tard. J’ai fait de la pub pendant 35 ans, j’ai écrit mon premier livre à 51. J’ai arrêté la pub après mon septième roman en 2018. Je me suis mis à plein temps sur la vie. J’écris comme ça de temps en temps. Mais j’ai décidé d’arrêter de bosser, de partir vivre à New York.
Que faites-vous à New York ?
Je vis à New York. Ça prend du temps de vivre. Ne rien faire prend un temps fou : regarder la beauté dehors, se balader pendant 2 h le long de la rivière, lire le journal…. Ça prend un temps fou. Rire ça prend du temps, regarder un bon film, lire un livre, en écrire un.
« C’est parce qu’on sait que les choses ne durent pas qu’elles sont belles »
Cette appréciation de la vie se reflètent-elle dans vos romans ?
Elle rend précieux ce qui tend à disparaitre. C’est parce qu’on sait que les choses ne durent pas qu’elles sont belles. C’est parce qu’on sait que les choses ne durent pas qu’elles sont belles. Si les choses duraient on ne les verrait plus. L’amour, la jeunesse, la santé, le monde ne durent pas. Quand on en prend conscience on apprécie chaque seconde.
Y’a-t-il des personnages qui vous ressemblent ?
Il n’y a pas de livre ou il n’y a pas un peu de soi dans la littérature. Il y a des livres totalement fictionnels chez moi, il y a des livres beaucoup plus proches jusqu’à un des livres qui est un authentique récit qui s’appelle L’Enfant Réparé.
Est-ce que vous pensez qu’on peut écrire à tout âge ?
Bien sûr. Ecrire des choses intéressantes je ne sais pas, mais écrire oui. Tout le monde écrit. On écrit des bêtises : des sms ; des messages instagram, facebook. Tout le monde écrit. Mais la littérature c’est la formulation de l’écriture. C’est plus dur, c’est plus exigeant, plus violent, ingrat. Ça prend un temps fou pour un résultat très aléatoire. Dans ce salon magnifique y’a pas grand monde.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent écrire ?
De travailler à côté. De surtout avoir un métier pour gagner de l’argent pour manger, s’habiller, payer ses impôts, la retraite. Un livre n’est pas fait pour gagner de l’argent. Il faut écrire pour son plaisir. Si vous gagnez de l’argent c’est une bonne surprise, tant mieux. Mais si on veut écrire pour gagner de l’argent il faut être très bon, ou alors il faut écrire tellement de la ***** que ça ne s’appelle plus écrire.
Que pensez-vous de JK Rowling en tant qu’auteur ?
Je trouve formidable que cette femme qui n’avait plus rien, qui s’est retrouvée avec son môme, larguée par son mec, se mette à écrire une histoire pour ce gamin et tout d’un coup ça devient un bestseller mondial. Elle a changé des millions de choses, marquée une ou deux générations. [HBO]. Elle est en train de faire une nouvelle série. C’est une nouvelle génération qui va s’intéresser à son travail. Elle a inventé les contes modernes. Elle est au livre ce qu’était Walt Disney au dessins animés. C’est fascinant, un miracle, ça n’arrive jamais. C’est parce qu’il y a des gens comme ça pour qui ça arrive que d’autres ont envie d’écrire. Mais c’est une exception.
Espérez-vous avoir le même impact ?
J’ai un impact à mon niveau. Je n’écris pas sur des sorciers mais des sorcières, des femmes perdues. Sinon Non. J’ai eu un grand succès avec La liste de mes envies. Je sais ce que c’est et je garde ma liberté. Je fais ce que je veux, tous les thèmes que je veux, ils peuvent être très dure parfois. Mes livres ne sont pas commerciaux, le succès je m’en fout. C’est vous qui faites la réussite d’un livre. C’est vous qui achetez les livres, moi je les écris et puis c’est tout. Ça ne change pas ma vie. Mon bonheur c’est quand le livre est fini. Que sa marche ou que ça ne marche pas ce n’est pas très grave.
Tous les grands succès de Grégoire Delacourt sont disponibles en librairies, en poches ou en grands formats aux éditions JC Lattès ou Grasset.
Interview réalisée par Romane Noel Deprun pour ApprofonLire, au salon l’Ile aux Livres (Ile de Ré).
Editions JC Lattès ou Grasset:
JC Lattès, Le Masque | JC Lattès
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