L’oeuvre de la lauréate du prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux, est considérée comme une radiographie de l’intimité d’une femme au fil des dernières générations.
Acclamée au centre culturel français et accueillie avec son fils au festival du film de New York pour leur documentaire familial, Annie Ernaux n’a pas caché son émotion.
L’écrivaine française, figure du féminisme et engagée à gauche, couronnée jeudi 6 octobre par le comité du Nobel pour « le courage et l’acuité clinique » de son oeuvre en grande partie autobiographique, a conversé une heure durant sur la création littéraire, lors d’une conférence avec la romancière américaine Kate Zambreno.
Au moins 300 personnes, dont une majorité de femmes, l’ont ovationnée debout lors de cette soirée à la Villa Albertine de New York, sur la prestigieuse 5e Avenue le long de Central Park, qui abrite les services culturels et une librairie de l’ambassade de France aux Etats-Unis.
« Je suis absolument nourrie de littérature depuis l’enfance. Le plus loin que je cherche je sais que la lecture, que les livres font partie de ma vie. J’ai rêvé ma vie d’abord avec les livres », a déclaré Annie Ernaux, 82 ans, dont les propos en français étaient traduits en anglais par un interprète, devant un public francophone et anglophone conquis.
L’écrivaine est célèbre et étudiée dans les cercles intellectuels et universitaires américains et son prix Nobel de littérature a été largement couvert depuis jeudi par les journaux et revues des élites new-yorkaises, comme le New York Times et le New Yorker.
L’oeuvre d’Annie Ernaux est considérée comme une radiographie de l’intimité d’une femme qui a évolué au gré des bouleversements de la société française depuis l’après-guerre. Dans une vingtaine de récits, elle dissèque le poids de la domination de classes sociales et la passion amoureuse, deux thèmes ayant marqué son itinéraire de femme déchirée en raison de ses origines populaires.
Lors d’un échange avec le public, Annie Ernaux a été chaleureusement remerciée par une jeune femme pour l’avoir fait « entrer en féminisme », notamment grâce à la lecture de son roman autobiographique sur l’avortement, « L’événement » (2000).
« C’est pour moi merveilleux, porteur, parce que je ne me sens pas responsable de cet effet que mes livres font sur la jeune génération », lui a répondu, tout sourire, l’autrice octogénaire.
Annie Ernaux est en visite cette semaine dans la mégapole culturelle et économique américaine et elle a présenté aussi lundi soir, avec son fils David Ernaux-Briot, leur documentaire familial « Les années Super-8 », au 60e festival du film de New York. Mercredi, elle sera reçue au Barnard College de l’université Columbia à New York, une faculté de lettres réservée aux femmes.
Source: TV5monde avec l’AFP
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