Premiers prix littéraire de la saison: Kamel Dadoud obtient le prix Goncourt pour son roman « Houris » et l’écrivain franco-rwandais Gaël Faye est couronné du prix Renaudot avec « Jacaranda ».

L’écrivain franco-rwandais et musicien Gaël Faye, 42 ans, est couronné du prix Renaudot avec son roman Jacaranda, paru le 14 août dernier aux éditions Grasset. Il succède ainsi à Ann Scott, récompensée en 2023 pour Les Insolents (Calmann-Lévy). Présentation avec le Prix Goncourt 2024. Les deux auteurs primés seront présent à la Foire du Livre de Brive le week-end du 8 au 10 novembre***

Gaêl Faye présente son livre primé, Prix Renaudot, au restaurant Drouant

Propulsé dans la liste finaliste du prix GoncourtJacaranda s’était également taillé une place au sein des sélections du grand prix du roman de l’Académie française et du prix du roman Fnac. Pour la deuxième fois consécutive, l’écrivain musicien replonge dans l’histoire du Rwanda, pays d’origine de sa mère où il vit désormais. À travers les yeux de son nouveau héros, Milan, l’auteur dépeint les cicatrices et tentatives de reconstruction d’un pays dévasté par le terrible génocide des Tutsi. Dans une interview parue dans nos colonnes en juillet dernier, l’écrivain musicien expliquait vouloir ainsi réparer des blessures personnelles et « déconstruire la pensée raciste et les idées de certains milieux négationnistes ».

Deuxième roman de l’écrivain, Jacaranda s’est écoulé à plus de 160 000 exemplaires depuis sa parution, d’après les données GFK. En septembre dernier, l’ouvrage comptait déjà six réimpressions et caracolait en tête des meilleures ventes. Il est d’ailleurs promis à un triomphe international, puisque les éditions Grasset ont signé plusieurs traductions.

Un succès de librairie avec Petit Pays

Nouveau talent littéraire très apprécié du grand public, Gaël Faye a obtenu les honneurs en 2016 avec un premier titre partiellement autobiographique, Petit Pays (Grasset). Accueilli favorablement par la critique et écoulé à 1 650 000 exemplaires en France, celui-ci s’est vu récompensé de nombreuses distinctions dont le prix Goncourt des lycéens, le prix du roman Fnac, le prix du Premier roman français ou encore le prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama. Il fut également un succès planétaire, vendu dans 30 langues à plus de 200 000 exemplaires à travers le monde.

« Jacaranda » : la présentation de l’éditeur

Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella  ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu. Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.

En 2020, le titre a même été porté au cinéma par Éric Barbier, à partir d’un scénario coécrit avec le premier concerné. La même année, Gaël Faye publie, à destination de la jeunesse, L’Ennui des après-midi sans fin (Les Arènes), livre-CD dans lequel l’auteur associe ses deux passions : la musique et l’écriture.

Renaudot de l’essai du livre de poche 2024

Les jurés du prix Renaudot ont également honoré :

  • Prix Renaudot essai : Échec et mat au paradis de Sébastien Lapaque (Actes Sud)

Brésil, début 1942. L’écrivain autrichien Stefan Zweig, qui a fui l’Europe et le nazisme, rend visite à Georges Bernanos, romancier français iconoclaste, dans sa ferme de la Croix-des-Âmes, à Barbacena. Le 23 février de la même année, Zweig se suicide avec son épouse, Lotte, à Petrópolis. Pour Sébastien Lapaque, c’est la matière d’une enquête au long cours, intime et politique, miraculeusement lumineuse. Au cœur d’une géographie aussi ensoleillée que le contexte est ténébreux, à l’heure du saccage du Vieux Continent et de l’avènement d’un fascisme néotropical, le récit s’échafaude autour de la conversation que l’auteur imagine entre ces deux géants du XXe siècle, le juif sans dieu et le catholique affranchi – le peintre délicat des tourments de l’âme et le visionnaire rebelle, ardent pratiquant de la vie intérieure (présentation de l’éditeur). Paru le 4 septembre, l’ouvrage atteint les 2 100 exemplaires vendus selon GFK.

  • Prix Renaudot du livre de poche : Les années-lumière de Serge Rezvani (Philippe Rey)

Initialement paru en 1967 chez Flammarion, Les années-lumière de Serge Rezvani a bénéficié de plusieurs rééditions successives au Seuil en 1986 puis chez Actes Sud en 1997. La nouvelle édition chez Philippe Rey a paru le 17 octobre 2024. L’ouvrage est une « tentative d’autobiographie romancée ». Le « héros » revoit, à la lumière d’un amour présent et d’une vie quotidienne particulièrement heureuse, son enfance aventureuse. Ces événements se situent dans un Midi préhistorique, chez les fourmis-lions, dans une Suisse en décomposition, dans un train fantôme, puis à Paris, sans parler de voyages en car, en voiture et en péniche. On retrouve aussi notre « héros » au spectacle de la guerre, de la Libération. Pour le présent, une petite maison perdue dans la forêt méditerranéenne et, à la frange du sommeil, l’amour de l’auteur : Lula.

Source:

www.livreshebdo.fr

L’écrivain algérien Kamel Daoud a reçu le Goncourt du Premier roman, six mois après avoir raté de peu le Prix Goncourt et provoqué un début de polémique.

Il a été récompensé pour son roman « Meursault, contre-enquête » (Actes Sud), a annoncé mardi le jury qui a également distingué Patrice Franceschi pour son recueil de nouvelles « Première personne du singulier » (Points) et le poète belge William Cliff pour l’ensemble de son oeuvre.

Réflexion sur l’identité algérienne contemporaine, le livre de Kamel Daoud est écrit en miroir du célèbre roman d’Albert Camus « L’Etranger » (1942). Finaliste du Goncourt à l’automne dernier et battu de deux voix, il a aussi reçu le Prix des cinq continents de la francophonie et le prix François Mauriac. « Je ne suis pas l’homme d’un seul livre contrairement à ce qu’on croit parce que je pense que cela mène à deux maladies: soit la vanité, soit une guerre de religion », a déclaré Kamel Daoud en recevant son prix mardi à Paris.

Connu pour ses positions libérales et laïques, le romancier de 44 ans, père de deux enfants, qui vit à Oran, avait exprimé publiquement à l’automne dernier sa déception de ne pas avoir été couronné par le plus prestigieux des prix littéraires français.« Le jury a raté une occasion historique de s’ouvrir vers le reste du monde car dans le Maghreb, ce prix était très attendu et déjà perçu comme un message très lourd de sens ». avait-t-il lancé. Une déclaration qui n’avait pas toujours été bien accueillie.

La corne du taureau

Journaliste au Quotidien d’Oran où ses chroniques, très lues en Algérie, font souvent débat, Kamel Daoud tend dans ce premier livre virtuose un miroir à « l’Arabe » tué par un certain « Meursault » dans le célèbre roman d’Albert Camus « L’Etranger » (1942), avec en contrepoint l’histoire et les soubresauts, souvent violents, de l’Algérie contemporaine.

Mais le livre n’est pas le roman d’un Algérien sur Camus, selon l’écrivain. « Je ne suis pas camusien. Je ne voulais pas rester dans le périmètre camusien. Je suis Kamel Daoud, je suis un Algérien, je parle du présent », a dit à l’AFP l’auteur de « Meursault, contre-enquête », qui a été en rupture de stock en Algérie et a dû être réimprimé.

Bête noire des milieux intégristes

Mais l’écrivain est devenu une des bêtes noires des milieux intégristes qui le considèrent comme un apostat. L’activiste Abdelfatah Hamadache Ziraoui a appelé en décembre dernier sur sa page Facebook les autorités algériennes à condamner Kamed Daoud à la peine capitale et à l’exécuter en public. Le parquet, en revanche, n’a pas déposé plainte ni pris depuis aucune mesure.

« Vous vous exposez à la corne acérée du taureau, le taureau au front bas, pieux, bête et méchant et vous êtes sur sa liste noire. C’est tout à votre honneur et c’est à l’honneur de la littérature », a dit Régis Debray en annonçant le choix du jury. « Je crois que vous n’êtes pas un homme de bonne composition, je crois que vous êtes plutôt un type de mauvaise humeur, un bon spécimen de ce que Camus aurait appelé l’homme révolté », a-t-il ajouté. « Vous avez rapatrié +L’Etranger+ dans votre culture, vous avez fait de Camus un indigène à part entière (…). Votre contre-enquête algérienne, nous allons la rapatrier à notre tour dans le trésor de la littérature », a encore dit Régis Debray.

Source:

www.tv5monde.fr

*** FOIRE DU LIVRE A BRIVE LA GAILLARDE:

Foire du livre de Brive – Site officiel | 8, 9, 10 novembre 2024

ApprofonLire.fr

 

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