Le président Macron inaugure le premier parc éolien en mer de France, dix ans après les accords obtenus par NKM.

Carte des sites existants et en projet en France d'éoliennes en mer (offshore), avec détails clé sur la puissance, la date de livraison
Carte des sites existants et en projet en France d’éoliennes en mer (offshore), avec détails clé sur la puissance, la date de livraison (Visuel : afp.com )

Emmanuel Macron inaugurait jeudi 22 septembre au large de Saint-Nazaire le tout premier d’une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. « C’est le début du chemin, une première étape vers le développement massif des énergies renouvelables », promet l’Elysée. Une première étape ? Dès janvier 2012, la ministre de l’environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM)  présentait le projet des premières éoliennes en mer avec 10 000 emplois à l’appui. On découvre ainsi comment les acteurs politiques peuvent être à la fois à la tête des initiatives environnementales et des « ralentisseurs » de l’action publique. Dix ans après , la nécessité fait loi.. en urgence !

Réduire le gros retard Français comparativement au Danemark  et à l’Espagne

Avec un mot d’ordre, renforcer la « souveraineté énergétique » de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie liés à la guerre en Ukraine, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables par rapport à ses voisins.

Le chef de l’Etat se rendra en bateau dans la matinée sur le site de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes du Pouliguen et du Croisais. Le parc, exploité par EDF, entrera complètement en service d’ici la fin de l’année. Il affichera alors une puissance de 480 mégawatts (MW) capable d’alimenter 700.000 personnes.

Emmanuel Macron visitera aussi les Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, où les éoliennes sont assemblées avant leur installation en mer. Il précisera les grands axes du projet de loi d' »accélération des énergies renouvelables », qui sera présenté lundi en Conseil des ministres.

Le texte vise à raccourcir les délais de réalisation des projets en simplifiant les procédures administratives et en limitant la durée d’examen des recours déposés par les défenseurs de l’environnement, les pêcheurs et les riverains.

Aujourd’hui, il faut en moyenne dix ans pour qu’un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l’éolien terrestre, c’est sept ans, deux fois plus qu’en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n’est guère mieux loti.

Avec ce chantier, Emmanuel Macron, déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second quinquennat, entend donner des gages à la gauche et aux écologistes, tout en mettant l’accent parallèlement sur les retraites ou l’assurance-chômage en direction de la droite.

L’examen du texte s’annonce toutefois difficile à l’Assemblée nationale, en l’absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l’éolien. Le sujet s’était déjà invité dans la campagne présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen réclamant l’arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron avait pour sa part opté pour l’éolien en mer, avec un objectif d’une cinquantaine de parcs d’ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts. A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs: après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp.

Pour la suite, d’autres appels d’offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large. (NDLR: Lire l’interview Exclusive de Jacques TOUBON à ce sujet*** ) Le chef de l’Etat a en revanche mis le frein sur l’éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur 10 mais 30 ans.

Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l’horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d’ici 2050. « Le cap posé à Belfort est plus urgent » que jamais depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février et face aux dégâts de plus en plus tangibles du changement climatique, insiste l’Elysée.

Plusieurs ONG, dont France nature environnement (FNE), ont critiqué des dispositions du projet de loi visant à alléger les procédures. Le développement des renouvelables doit se faire « dans le respect des procédures de consultation publique et du droit de l’environnement », plaident-elles. Le gouvernement a in fine retiré mercredi 21 septembre un des articles critiqués.

Les préfets , ex-ralentisseurs, deviennent des facilitateurs.

France Energie Eolienne pour sa part juge que ce texte peut contribuer, à terme, à installer les renouvelables dans le paysage, notamment en actant une réduction de facture électrique pour les riverains des parcs, ou en planifiant l’éolien en mer par façade maritime pour une vision de plus long terme.

Mais pour accélérer dans l’immédiat, le secteur compte surtout sur une circulaire récente demandant aux préfets de « faciliter le traitement » des dossiers. Car les développeurs d’éolien terrestre ont vu depuis trois ans les autorisations s’effondrer, éloignant un peu plus l’Hexagone de ses objectifs.

Dans un contexte d’approvisionnement électrique tendu et d’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu’en 2025 « les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus », plaident leurs représentants.

En 2021, les renouvelables ont assuré 24% de la production électrique (hydraulique, éolien, solaire, bioénergies), le nucléaire 69%, et les combustibles fossiles 7%.

Jérôme Robert avec l’AFP pour ApprofonLire.fr

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