Le Festival du Journalisme répond à la question: Comment les lanceurs d’alerte affrontent les lobbys industriels ?

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  1. Nouvelle confrontation dans le domaine du lobbying alimentaire: C’est l’appli YUKA qui se révèle un lanceur d’alerte, démonstration à l’appui, sous ce titre : Aspartame : quand le lobbying dicte la science

    16 septembre 2025—Julie Chapon & Zoé Kerlo

    L’aspartame est un édulcorant de synthèse au pouvoir sucrant 150 à 200 fois supérieur à celui du sucre. Il est utilisé pour donner une saveur sucrée sans apporter de calories.

    On le retrouve dans plus de 2 500 produits en Europe, et environ 6 000 dans le monde, principalement dans les produits dits « light », « zéro » ou « allégés en sucre »1,2.

    Il représente un enjeu économique majeur pour les industriels puisqu’il est extrêmement rentable : sa puissance sucrante permet d’en utiliser des quantités infimes, pour un coût environ dix fois inférieur à celui du sucre3. Les économies réalisées par les fabricants sont considérables, mais rarement répercutées sur les prix de vente. Les boissons classiques et leur version sans sucre sont ainsi souvent vendues au même prix, voire plus cher dans certains cas, ce qui permet de maximiser les marges.

    Mais la sécurité de l’aspartame est aujourd’hui largement remise en question. De nombreux scientifiques et journalistes d’investigation dénoncent des effets toxiques minimisés par des études biaisées, ainsi que des conflits d’intérêts entre industriels et autorités sanitaires ayant conduit à son autorisation.

    Dans cet article, nous décryptons les zones d’ombre qui entourent l’aspartame et nous faisons le point sur ce que dit réellement la science.

    Une mise sur le marché très controversée
    1965 : naissance d’un édulcorant sous influence
    L’aspartame est découvert par hasard en 1965 par un chimiste de l’entreprise pharmaceutique américaine Searle. Ce chimiste prénommé James Schlatter travaille sur un médicament contre les ulcères, lorsqu’il synthétise une nouvelle molécule. En goûtant accidentellement le composé sur ses doigts, il remarque son goût extrêmement sucré4.

    Son pouvoir sucrant, bien supérieur à celui du sucre, suscite rapidement l’intérêt de la société, qui engage alors une procédure d’autorisation auprès de la FDA (Agence américaine des produits alimentaires) pour permettre son utilisation dans des produits alimentaires courants.

    Searle finance alors plusieurs tests en laboratoire pour évaluer la toxicité de l’aspartame et transmet les résultats à la FDA en 1973. Dans la foulée, en 1974, la FDA approuve sa mise sur le marché dans les aliments secs et les chewing-gums. Cette décision se base sur une première lecture sommaire des études de toxicité fournies par Searle et sur l’hypothèse simpliste selon laquelle l’aspartame serait inoffensif puisqu’il se dégrade dans l’organisme en deux composés naturellement présents dans le corps humain5.

    Cette autorisation suscite immédiatement des critiques, notamment de la part du neuroscientifique John Olney, qui alerte sur le risque de lésions et de tumeurs cérébrales6. Dès l’année suivante, en 1975, la mise sur le marché de l’aspartame est suspendue pour permettre une investigation plus approfondie de la part des scientifiques de la FDA7.

    Après 2 ans de travail, ces derniers soulèvent de graves problèmes. Ils pointent de nombreuses négligences et irrégularités dans les études menées sur des rats et des souris : symptômes non signalés ayant nécessité des antibiotiques, retrait de tumeurs avant dissection sans mention dans les rapports, ou encore impossibilité d’examiner certains organes trop dégradés8,9. Au total, 52 anomalies majeures sont relevées dans seulement trois études parmi les 15 études toxicologiques fournies par Searle10,11. Face à la gravité des faits, le chef du service juridique de la FDA engage des poursuites contre Searle pour « rétention de données et fausse déclaration »12,13. La FDA mandate également un comité de scientifiques extérieurs à l’agence pour statuer sur la sécurité de l’aspartame. C’est la première fois que la FDA recourt à ce procédé, appelé Public Board of Inquiry, pour trancher une question de sécurité sanitaire14…. https://yuka.io/enquete-aspartame/

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