ApprofonLire a rencontré Cédric PHILIBERT lors de la présentation de son dernier livre : EOLIENNES, POURQUOI TANT DE HAINE ? Une analyse critique qui éclaire utilement le débat sur l’énergie au moment où précisément l’échéance du prix réglementé de l’énergie vient de se terminer. Plus utile encore, ses réponses concernent autant nos gouvernants que le grand-public, totalement confus devant la désinformation, la propagande et la masse d’offres sur les énergies renouvelables. Une bonne démonstration sur ce qu’un livre écrit par un spécialiste indépendant peut approfondir l’info. A vous d’apprécier !

L’autoconsommation en énergie solaire attire les entreprises qui veulent produire en autonomie, cette solution fonctionne-t-elle avec l’éolien ?

Cédric PHILIBERT : Le solaire s’installe facilement sur des bâtiments ou à proximité immédiate, c’est moins le cas pour l’éolien. En général, les entreprises industrielles ou commerciales ne disposent pas de larges espaces dans lesquels ils pourraient installer plusieurs éoliennes. Cependant, depuis la tentative d’invasion russe en Ukraine, de plus en plus d’entreprise essaient d’obtenir des accords d’achats d’électricité à long terme auprès d’exploitants d’éoliennes ou de centrales solaires, afin de réduire leurs factures et de garantir leurs approvisionnements. Eoliens et solaire se trouve là à égalité, et se complètent assez bien mutuellement.

– Quel conseil donnez-vous aux particuliers qui souhaitent en faire autant avec des besoins types dont la recharge des véhicules électriques ?

CP : Les particuliers doivent éviter les fausses promesses du « petit éolien », absolument pas rentable. L’installation d’une petite éolienne sur une maison peut conduire d’ailleurs à de graves désordres de structure. Il faut impérativement penser solaire, du kit « plug and play » à poser dans le jardin aux toitures PV de 2 à 9 kWc.

– Vous exposez dans votre livre le rôle de la station Step, de quoi s’agit-il ? Pour quels progrès ?

– CP : Les steps sont des stations de transfert d’énergie par pompage. Auprès d’un barrage réservoir existant, on installe un second barrage, qui peut être beaucoup plus petit, avec la plus grande dénivellation possible, et des conduites forcées (d’eau). Quand l’électricité est abondante on utilise les pompes pour remonter l’eau du barrage le plus bas (généralement le plus grand) vers le barrage situé plus haut. Quand l’électricité se fait rare on laisse l’eau redescendre et on la turbine pour produire de l’électricité. Il y a en France environ 5 GW de Step, dans le monde environ 150 GW.

– En avril, Edf Nouvelles Energies a remporté l’appel d’offres pour un site éolien marin avec un prix de production très (trop) bas, qu’en pensez-vous ?

CP : J’espère simplement que ce prix n’est pas trop bas pour qu’EdF puisse effectivement mener à bien cette construction…

– Vous avez participé aux délibérations de l’AIE, cette Agence a-t-elle le pouvoir de peser sur les décisions internationales face à la pression des Russes ?

CP : L’AIE n’a qu’un seul pouvoir, et encore, celui de décider de l’utilisation des stocks stratégiques de produits pétroliers que les Etats membres se doivent de conserver. Mais elle a de l’influence, ce qui est tout à fait différent. Depuis que la Russie occupe la Crimée (2014), les sanctions internationales interdisent de participer à toute réunion de haut niveau avec les Russes. Je pense que depuis février 2022 les quelques contacts qui pouvaient subsister à un niveau inférieur ont été interrompus, mais comme je ne suis plus à l’AIE depuis novembre 2019 je ne pourrais pas en jurer.

Finalement, selon vous quel est la cause numéro un à votre question : Éoliennes, Pourquoi tant de haine ?

CP : Les énergies concurrentes, fossiles d’abord, nucléaire ensuite, déploient une propagande considérable pour discréditer l’éolien. Cette propagande vient légitimer les oppositions locales, moins fortes qu’on veut bien le dire.

Monsieur Cédric Philibert, nous vous remercions de votre participation.

Blog de l’auteur :
https://cedricphilibert.net

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