Après un automne mitigé pour les ventes de livres, la rentrée littéraire de janvier commence mercredi 3 janvier 2024 dans un secteur bouleversé par des changements capitalistiques et des règles nouvelles pour le commerce en ligne. Elle démarre également sans locomotive à l’horizon, sans livre à scandale ou auteur vedette, puisque les prochains romans des meilleurs vendeurs que sont Guillaume Musso et Joël Dicker ne paraîtront qu’en février ou mars.
Les libraires eux-mêmes, après leur pic d’activité en décembre, parent au plus pressé avec les titres qui sortent dès les premiers jours de l’année. « C’est une rentrée qu’on lit un peu en décalé, qu’on a peu de temps pour anticiper. Mais on aura en 2024 des auteurs qui marchent traditionnellement bien », explique-t-on par exemple chez Mollat à Bordeaux. Et de citer David Foenkinos pour La Vie heureuse (Gallimard), fiction sur les hasards de la destinée, Nina Bouraoui pour Grand seigneur (JC Lattès), sur le père de l’autrice, ou Philippe Besson pour Un soir d’été (Julliard), à partir d’un souvenir d’adolescence.
Nouveaux frais de port pour les commandes de livres en ligne
À Paris, les éditeurs ont passé l’automne à s’inquiéter de voir « peu de monde dans les rayons« , comme ils le confiaient souvent en privé, à partir du déclenchement le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas. Les clients reviendront-ils nombreux ? Entrée en vigueur ce jour-là précisément, par un hasard du calendrier, une disposition de la loi sur l’économie du livre est conçue dans cet objectif. Pour inciter les Français à se déplacer chez leur libraire, des frais de port de 3 euros sont obligatoires pour les commandes en ligne inférieures à 35 euros.
Avant de connaître l’effet sur les habitudes des lecteurs, il faudra attendre les chiffres de la fin 2023. Sur le long terme, les sites internet gagnent du terrain, dépassant 10% du marché en 2009, 20% en 2017, pour atteindre en 2022 près de 22%, juste en dessous des librairies de ville (23%) et derrière les grandes surfaces culturelles (28%).
Quoi de neuf chez Hachette Livre et Editis qui ont changé de mains ?
Autre changement de taille : le numéro un et le numéro deux de l’édition français ont changé de mains. Hachette Livre, à l’issue d’une OPA réussie sur le groupe Lagardère, est passé sous la coupe de Vivendi, donc du milliardaire Vincent Bolloré. Et son rival Editis, qu’a été obligé de revendre Vivendi, appartient désormais à un autre milliardaire, le Tchèque Daniel Kretinsky.
Chez Editis, la relance d’une offre attrayante en littérature française est à l’ordre du jour, sous la direction d’un nouveau président du groupe, Denis Olivennes. Cela commence par l’arrivée d’un prix Nobel aux éditions Robert Laffont : J.M.G. Le Clézio, qui publie Identité nomade, essai autobiographique. Les autres têtes de gondole du groupe seront une seconde recrue, Régis Jauffret, qui met en scène la mère d’Adolf Hitler avec Dans le ventre de Klara aux éditions Récamier, et Michel Bussi avec Mon cœur a déménagé, roman à suspense, aux Presses de la Cité.
Hachette Livre mise sur le Renaudot 2022, Simon Liberati avec La Hyène du Capitole (Stock), ou Camille de Peretti et L’Inconnue du portrait (Calmann-Lévy). Marie Darieussecq (Fabriquer une femme, POL), Sophie Divry (Fantastique histoire d’amour, Seuil), Estelle Sarah-Bulle (Basses terres, Liana Levi), Alexis Michalik (Le Passeport, Albin Michel) ou encore Catherine Bardon (Une femme debout, Les Escales) sont d’autres têtes d’affiche de janvier. En littérature étrangère sortent des inédits du regretté chanteur-compositeur Leonard Cohen (Un ballet de lépreux, Seuil), et l’un des gros tirages de l’hiver sera pour l’Islandais Jon Kalman Stefansson avec Mon sous-marin jaune (éditions Christian Bourgois).
Source: France info