Nous avons là un modèle de stratégie démocratique écrit Umberto Eco au sujet du Bréviaire des Politiciens par le Cardinal MAZARIN car les instructions sur les moyens d’obtenir le pouvoir par la violence sont très rares et extrêmement mesurée. Et si la violence il y a ce n’est jamais mais toujours par personne interposée, le cardinal Mazarin nous donne une splendide image de l’obtention du pouvoir, grâce à la pure et simple
manipulation du consensus* A lire avec l’opinion aujourd’hui, de Jean-Antoine DUPRAT sur l’agitation médiatique d’une dissolution inexplicable suivie par cette campagne express des élections Législatives. Explications et chiffres à l’appui de cette bataille inédite !
« Être « un rempart » face au Front national (FN), telle était la conviction martelée par Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, lors de sa visite dans l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais, en janvier 2017. Sept ans plus tard, sur fond de raz-la-bol généralisé, à la suite d’une élection européenne qui a foudroyé la liste majorité présidentielle et permis au Rassemblement national (RN ex-FN) de gagner 30 sièges à Bruxelles, le donneur d’ordre élyséen doit constater une énorme brèche dans son « rempart ». Pour la combler, contre toute attente il dégaine une arme institutionnelle de destruction massive : la dissolution de l’Assemblée nationale.
Dans son camp, déjà sonné par la défaite, c’est la sidération. Pourquoi une dissolution ? Et surtout, pourquoi une dissolution aussi précipitée ? Au-delà de sa volonté de redonner la parole au peuple qu’il met en avant, sans doute le président a-t-il voulu créer un électrochoc ; prendre ses opposants de vitesse, semer la confusion dans leurs rangs, parier sur leur impréparation à gouverner et sur leur usure inéluctable en cas de cohabitation… Même si, à la veille des élections européennes, les dirigeants du RN réclamaient une dissolution en cas de défaite de la majorité, ils étaient sans doute bien loin d’imaginer qu’ils seraient aussi vite exhaussés ! Et, pas moins que les autres formations politiques, y compris le mouvement présidentiel, tout aussi pris de court ! Nécessité électorale faisant loi, les alliances se constituent dans la précipitation avec quelques surprises. La gauche, éparpillée façon puzzle, se bouscule dans un Nouveau front populaire (NFP), nettement orchestré et dominé par la très agitée France insoumise, qui voit cohabiter l’ancien président « normal » François Hollande, le primo-ministériable Jean-Luc Mélenchon qui l’avait pourtant traité de « capitaine de pédalo » ou encore le révolutionnaire Philippe Poutou !
Dans l’urgence ce NFP produit un programme avec des promesses d’augmentations de rémunérations et surtout un nouveau rude choc fiscal – augmentation des impôts sur les successions, sur le capital, sur le revenu ou encore de la CSG… censé ne concerner que les « milliardaires » et les plus « riches » au-delà de 4000 € mensuels ! Mais qui, selon les experts économiques – sauf ceux proches du NFP bien sûr ! fera fuir les capitaux, plombera la compétitivité des entreprises, accroîtra le chômage… sans oublier l’appel d’air migratoire … Au sein du NFP la cacophonie dans la surenchère prospère ! 100, 200 voire près de 300 milliards d’euros de dépenses viendraient s’ajouter aux déficits existants et aux 3000 milliards de dettes déjà accumulés, dans une France déjà championne du monde de la dépense publique (plus de 57% du PIB) et des prélèvements obligatoires (plus de 43% du PIB).
Un tel choc aurait, toujours selon ces même experts, des effets bien pires que le programme de l’Union de la gauche en 1981 qui avait entraîné, dès 1983, un sévère tour de vis ; tous les Français en ont subi, au fil des années, les conséquences drastiques ; sans oublier la création, en 1990 par le Premier ministre socialiste Michel Rocard, de la CSG qui a, depuis, augmenté de 1000 % ! Sans parler de la patate chaude de la retraire à 60 ans qu’on se refile de gouvernement en gouvernement ! Le tout au prix du creusement des déficits budgétaires et d’un endettement exponentiel. En 1981, lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, l’endettement de la France était de seulement 25 % du PIB ; en 1995, au terme des deux septennats socialistes, il dépasse pour la première fois les 50 % du PIB ! Quant à la relance « Keynésienne » découlant de ces centaines de milliards de dépenses supplémentaires qui, selon le NFP, devrait porter la croissance à 3 % en 2025, elle bénéficiera surtout aux entreprises et milliardaires étrangers, chinois ou autres, possesseurs de ces entreprises, à cause d’une explosion des importations – faute de production suffisante en France – entraînant un nouveau creusement du déficit du commerce extérieur !
Côté Rassemblement national, on assiste à un improbable ralliement d’une partie des Républicains, dans le sillage de leur président Éric Ciotti. Tandis que le programme de la droite, qui se qualifie de « patriote », met en avant la préférence nationale, la lutte contre l’immigration illégale, la restriction du droit du sol – naturalisation d’un enfant né en France de parents étrangers – ou encore la fin de l’assurance médicale bénéficiant aux étrangers en situation irrégulière ; les économies budgétaires qui en résulteraient permettraient, sans augmentations notables d’impôts, de financer notamment les surcoûts liés à l’abrogation de la réforme des retraites, bénéficiant notamment aux carrières longues, ou encore le renforcement de la sécurité ; tandis que l’augmentation du pouvoir d’achat proviendrait de baisses de taxes – notamment sur l’énergie.
Ce programme du RN, chiffré entre 70 et 100 milliards d’euros (dont 50 milliards en cas de nationalisation des autoroutes), risquerait là-encore, aux dires d’experts, de creuser fortement les déficits et d’accroître l’endettement ; même si Jordan Bardella affirme que la mise en œuvre de ces mesures dépendra des conclusions d’un audit préalable des finances publiques… Et c’est bien là que le bât blesse ! Et le ministre de l’économie sortant, Bruno Le Maire, promoteurs du programme de la majorité présidentielle – bien que responsables d’une partie des déficits accumulés et de l’endettement du pays – met en garde : il faut faire des économies ! Au moins 20 milliards de coupes budgétaires chaque année ; alors que, d’après l’Institut Montaigne**, les promesses électorales de suppression des frais de notaires bénéficiant aux primo-accédants, la « prime Macron » portée à 10.000 euros exonérés de charges, les baisses des factures d’électricité… coûteraient entre 12 et 14 milliards d’euros par an ! Alors qui croire ? Une seule certitude, les lendemains électoraux pourraient bien avoir un goût d’amère déception, alors que la Commission européenne vient de relancer contre la France sa procédure pour déficit budgétaire excessif, soit 5,5% du PIB en 2024, près du double des 3 % autorisés par les traités européens !
Jean Antoine DUPRAT pour ApprofonLire.fr
Livres de J-A DUPRAT
Livres de l’auteur
https://www.eyrolles.com/Accueil/Auteur/jean-antoine-duprat-73217/
Bréviaires des Politiciens par le Cardinal MAZARIN
Portail des bibliothèques et centres de documentation du ministère des Armées
https://bibliotheques-numeriques.defense.gouv.fr/document/3038ad09-713d-4903-a16d-19b99c000f7c
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https://www.decitre.fr/livres/breviaire-des-politiciens-9782869597709.html
* Préface d’Umberto Eco sur le Bréviaire des Politiciens: « comment plaire non seulement à ses amis, mais aussi à ses ennemis qu’il faut louer, amadouer, convaincre de notre bienveillance et de notre bonne foi afin qu’il meurt. Mais en nous bénissant. Par le Cardinal Mazarin, un livre traduit du latin par François Rosso vers 1650.
**Institut Montaigne
www.institutmontaigne.org
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