ENTRETIEN EXCLUSIF SeLoger : Julien Denormandie sur l’impact du Covid-19 sur le moral des acheteurs, vendeurs et investisseurs locatifs

Julien Denormandie : « Au déconfinement succèdera le temps du rebond et l’immobilier y jouera un rôle capital »

Xavier Beaunieux – 5 Mai 2020 

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Face au journaliste de la rédaction de SeLoger, Julien Denormandie, le ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la ville et du logement, revient sur l’impact qu’a provoqué la crise du Covid-19 sur le moral des acheteurs, vendeurs et investisseurs locatifs. Un entretien exclusif.En cours de chargement…

Malgré la crise, l’étude que nous avons réalisée début avril (*) montre que les Français restent confiants quant à la réalisation de leurs projets immobiliers. Ça vous surprend ?

Julien Denormandie. Plus qu’une surprise, c’est surtout une bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle résulte des mesures qui ont été prises par le gouvernement pour maintenir, autant que faire se peut, l’activité immobilière, comme, par exemple, la dématérialisation des actes passés devant notaire. Mais cette bonne nouvelle résulte également de l’innovation dont a fait preuve l’ensemble des acteurs de la chaîne immobilière. Je pense, notamment, à l’utilisation d’Internet et des nouvelles technologies qui a permis, dans bien des cas, de poursuivre, ici, des visites, via des réseaux, là, des rencontres, via des plateformes numériques. Mais tout cela montre aussi que les Français gardent confiance dans le secteur de l’immobilier et du logement. Alors que nous nous apprêtons à sortir du confinement, cette confiance des ménages est extrêmement importante.

(*) Source : étude réalisée par SeLoger en partenariat avec l’Observatoire du Moral Immobilier (OMI).

« Il est important de rassurer les ménages ».

Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement.

Notre étude révèle aussi que 7 futurs acquéreurs sur 10 ont confiance en la concrétisation de leur projet dans les six prochains mois et envisagent de le reprendre d’ici l’été. Quelle est la clé de la confiance des acquéreurs ?

Pour maintenir la confiance des acquéreurs, l’objectif est très simple et il consiste à rassurer les Français, à continuer de les protéger et à leur permettre de mener leurs projets, notamment immobiliers, à leurs termes. Beaucoup de ces projets correspondent d’ailleurs à de véritables projets de vie. Mais alors, comment fait-on ? Tout d’abord, il s’agit de rassurer sur le contexte sanitaire car la première des priorités, ce sont les conditions sanitaires. Par exemple, c’est savoir organiser, demain, des visites dans le respect des gestes barrières et la distanciation physique, avec le port du masque lorsque c’est nécessaire. Le respect des barrières sanitaires est notre premier objectif. Il fait suite à un travail considérable qu’a fourni l’ensemble des professionnels pour définir, dans les prochains jours, quelles sont ces barrières sanitaires qui protègent les Français. D’autre part, il est important de rassurer les ménages d’un point de vue économique, cette fois. C’est le rôle du gouvernement de soutenir l’activité et d’accompagner les acteurs de l’immobilier dans la crise que nous traversons, grâce à des mesures que nous avons déjà prises et d’autres que nous allons prendre.

En France, 1 locataire sur 5 se dit inquiet quant à sa capacité de régler son loyer et en Île-de-France, c’est 1 locataire sur 4. Quels sont les réflexes à adopter si l’on éprouve de réelles difficultés à payer son loyer ?

Lorsque l’on a des difficultés pour payer son loyer, le premier réflexe, c’est de composer un numéro de téléphone : le 0 805 16 00 75. Il s’agit d’Impayés de Loyers, une plateforme qui dépend de l’ANIL, l’Agence Nationale pour l’Information sur le Logement, avec laquelle mon ministère travaille main dans la main. Sur cette plateforme, on trouve des experts et des professionnels qui accompagnent tous ceux qui ont des difficultés pour payer leur loyer en les aidant à trouver les bonnes solutions, les bonnes aides. Cet accompagnement est essentiel et puis, il y a également des accords que nous avons passés avec les bailleurs sociaux mais aussi avec les collectivités locales, notamment en réactivant le FSL, le Fonds de Solidarité Logement. Doté de 350 000 €, il vise à venir en aide aux locataires qui ont des difficultés pour payer leur loyer. Le premier réflexe, encore une fois, c’est de composer le 0 805 16 00 75 afin de se faire accompagner par des professionnels et de trouver les bonnes solutions.

54 % des propriétaires nourrissent des inquiétudes quant au paiement des loyers qui leurs sont dus. Quelles sont les solutions pour les aider en cas d’impayés ?

De la même manière que la plateforme Impayés de Loyers s’adresse aux locataires, elle s’adresse aussi aux propriétaires. Je n’oublie pas que, parmi les propriétaires, certains disposent de revenus modestes. D’où l’importance que revêtent les loyers qui leur sont versés chaque mois. C’est pourquoi « Impayés de Loyers » est également à la disposition des propriétaires en difficulté. Les experts de la plateforme les renseigneront utilement sur les outils et les aides dont ils peuvent profiter. Que vous soyez locataire ou propriétaire, les professionnels de l’ADIL (Agence Départementale pour l’Information sur le Logement) sont là pour vous accompagner.

D’autre part, depuis maintenant trois ans, j’ai beaucoup œuvré pour renforcer un dispositif très important, la Garantie Visale.fr. Cette garantie permet d’assurer le propriétaire non seulement contre les risques de loyers impayés mais aussi contre les éventuelles dégradations dont pourrait faire l’objet leur bien. Cette garantie est gratuite. Elle est également disponible pour tous les propriétaires dès lors que leur locataire a moins de 30 ans. L’idée, c’est vraiment d’accompagner celles et ceux qui en ont le plus besoin et qui sont, en quelque sorte, discriminés sur le marché du logement. Parce que cette garantie permet de sécuriser à la fois le propriétaire et le locataire, Visale.fr est le deuxième réflexe à avoir avec le 0 805 16 00 75.

« Le Denormandie permet aux Français d’investir dans des territoires en lesquels ils croient ».

Julien Denormandie

En plein confinement, 3 Français sur 10 attachent encore plus d’importance à l’aspect territorial de leur investissement. De quelles aides ces investisseurs locatifs disposent-ils ?

La crise que nous traversons indique à quel point l’enjeu de l’habitat, de la qualité du logement et du cadre de vie mais aussi de l’aménagement du territoire, est absolument essentiel. L’étude de SeLoger, votre étude, montre bien que toutes ces notions d’usage, de qualité du logement et du cadre de vie sont au centre des préoccupations des Français. Face à ça, je suis convaincu qu’il faut aller encore plus loin dans l’ensemble des dispositifs qui permettent de réhabiliter les logements et de les rénover tout en revalorisant, en redynamisant un certain nombre de territoires. Je pense, notamment, aux villes de taille moyenne et aux petites villes dont les centres-villes, on le constate tous, périclitent trop souvent : logements qui se dégradent, commerces qui ferment…Pour pallier cet état de fait, nous avons mis en place un dispositif fiscal, le « Denormandie dans l’ancien ». À mes yeux, ce dispositif est d’une grande importance car il permet à tous les investisseurs locatifs de profiter non seulement d’une réduction d’impôt, le montant de cette réduction étant identique à celui dont le dispositif Pinel permet de bénéficier, mais aussi d’investir dans des territoires dans lesquels ils croient, de participer au grand effort de rénovation des logements dans notre pays. C’est pour cette raison que le Denormandie est, à mes yeux, un dispositif d’investissement locatif profondément utile pour la France et pour les Français. J’incite donc les investisseurs à y avoir recours. Aujourd’hui, ce sont plus de 300 villes qui y sont éligibles et ce nombre ne cesse d’augmenter à mesure que le dispositif Denormandie continue de se déployer.  

1 vendeur sur 2 anticipe une baisse du prix de son logement de 5 à 10 % dans les 6 prochains moins alors qu’ils n’étaient que 9 % à pronostiquer un recul des prix en février. Qu’avez-vous à dire aux vendeurs ?

Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour mesurer avec précision l’impact de la crise du Covid-19 sur le prix de l’immobilier. Pourquoi ? Parce que pendant le confinement, on a enregistré beaucoup moins de transactions immobilères qu’en temps normal. Votre étude est d’ailleurs très intéressante car elle permet de disposer de premières perceptions, de premiers indicateurs. Mais encore une fois, à l’heure où je vous parle, il est encore trop tôt pour déterminer l’impact précis de la crise sanitaire sur le prix de l’immobilier en France. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le rôle du gouvernement et des acteurs de l’immobilier, va être de soutenir cette activité. Il est essentiel de continuer de produire des logements, de rénover et d’aider les Français à investir dans l’immobilier. Après le confinement puis la préparation du déconfinement viendra le temps du rebond. Ce sera aussi le temps des mesures de soutien, mesures sur lesquelles nous travaillons d’ores et déjà car demain, l’immobilier jouera un rôle capital dans le rebond économique et social du pays. En France, plus de 2 millions de personnes travaillent dans ce secteur d’activité. L’immobilier, c’est quelque chose d’essentiel dans notre quotidien. Au moment du rebond, le rôle qu’il jouera sera donc central et j’en serai le garant !   

Source: https://edito.seloger.com

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