Presse, actu, bruit médiatique : Pourquoi le besoin de s’informer fait une chute mondiale, de 63 à 50% ?

Trop d’infos, tue l’info ? L’explication n’est pas là où l’on croit. L’Institut Reuters a interrogé 100000 personnes dans 42 pays sur leur rapport aux médias. Analyse de Sonia Devillers

Et j’en retiens cette tendance : de plus en plus de gens en ont marre de s’informer, ils ne veulent plus savoir, ils multiplient les stratégies d’évitement pour se protéger de l’information, comme si être informé risquait de les abîmer. Les conclusions de ce rapport peuvent vous paraître sans surprise. Si je vous dis que, pendant la pandémie, le public s’est rué sur les médias, ça ne vous surprendra pas. Mais que, depuis, la confiance a chuté dans plus de la moitié des pays, vous vous y attendiez aussi. Quoique, il y a des chiffres qui dépassent l’entendement : 26% des Américains ont confiance dans les médias. Seulement 26%.

De même, si je vous dis que les vrais consommateurs d’infos souscrivent plusieurs abonnements (presse nationale, presse locale, médias dédiés à leurs passions ou à leur métier), mais que l’inflation va méchamment remettre en question l’argent dépensé dans l’information : vous l’auriez trouvé tout seul. Quoique. Cela signifie que s’informer est d’emblée considérée comme une activité non-essentielle.

En 2017, 63% de la population mondiale voulait être informée. En 2022, plus que 50%.

C’est l’intérêt global qui a chuté. Dans le même temps, la proportion de consommateurs d’info qui ont choisi de couper le robinet a fortement augmenté : fois 2 au Brésil, fois 2 en Angleterre où l’on déclare que l’information a un effet négatif sur l’humeur. Cela vaut aussi pour les pays directement concernés par la guerre en Ukraine. Après le besoin aigu de s’informer, celui – tout aussi aigu – de se préserver. Beaucoup de jeunes réserve son temps de cerveau disponible aux contenus divertissants plutôt qu’aux « hard news » et reconnaissent, par ailleurs, qu’ils évitent les nouvelles parce qu’elles ont du mal à les comprendre…

Ma conclusion : je me demande si la sphère médiatique n’est pas arrivée au bout d’un système qu’elle a elle-même instauré. Qu’a-t-on constaté ces 15 dernières années ? Que le bruit médiatique s’est amplifié, qu’il est devenu plus agressif et plus anxiogène. A dessein : plus ça cogne, plus ça fait du buzz. Par ailleurs, le niveau des rédactions a baissé : course à la rapidité, manque de moyens, formatage par les réseaux sociaux… Ainsi, le bruit médiatique général est-il devenu plus bête et plus flippant.

À court terme, ça a permis de ratisser plus large et de rendre les gens plus accrocs. À long terme, ça épuise les gens au point de les écœurer et à force de faire toujours plus basique, le public ne comprendra plus rien à la complexité. Je force le trait. Mais dans quelques années, on dira : ainsi les médias se sont auto détruits.

Source: RADIO FRANCE, France Inter et Sonia Devillers

Ecouter le podcast sur France Inter:
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-m

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