Le Festival International de Journalisme sur de bons rails

La cinquième édition du Festival international de journalisme aura-t-elle bien lieu comme prévu du 9 au 11 juillet, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne) ? On peut aujourd’hui raisonnablement le penser, au regard des dernières indications données par la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, au sujet des festivals estivaux.

Se déroulant en plein air, avec une jauge inférieure à cinq mille festivaliers par jour, cet événement, parrainé par le groupe Le Monde, répond aux contraintes imposées aujourd’hui par la situation sanitaire. Et comme le meilleur moyen pour que le festival ait bien lieu était de commencer à le préparer sans perdre de temps, les équipes du groupe Le Monde, frustrées par l’annulation de l’édition 2020, se sont mises au travail dès le début de l’année.

Le Festival international de journalisme est un événement destiné au grand public qui permet à tous ceux que passionnent l’actualité et les médias d’échanger trois jours durant, sans filtre et sans tabou, avec des professionnels représentant le journalisme sous toutes ses formes. A la fois sérieux par ses contenus et convivial par son ambiance, cet événement unique en France, organisé dans un village de quatre cents habitants, connaît un succès populaire croissant depuis 2017.

Sept thématiques débattues

Il sera, comme depuis son origine, articulé autour de sept thématiques, renouvelées chaque année. Chaque thématique est conçue et animée par un binôme de journalistes issus majoritairement des titres du groupe Le Monde (Courrier internationalLe HuffPostLe MondeTéléramaLa Vie) ou de L’Obs. Chaque binôme collabore avec un étudiant de l’Institut de journalisme Bordeaux-Aquitaine (IJBA), désormais partenaire du festival.

Pour ce qui est du cru 2021, trois des thématiques seront consacrées à l’information. Celle intitulée « Médias : le casse-tête de la diversité » se posera la question de la représentativité sociale, ethnique et culturelle dans les médias, mais aussi de la place des personnes en situation de handicap et celle des accents régionaux dans les rédactions. Les deux autres se sont imposées dans le sillage de la pandémie : « Complotisme, la vérité est ailleurs ? » s’intéressera aux ressorts de ce phénomène mais aussi à ce qu’il nous dit de l’état actuel du journalisme ; « Sciences et confiance : le défi de l’info » reviendra sur les difficultés des médias à traiter des sujets scientifiques et sur le rôle controversé des « experts ».

Le Covid-19 va forcément marquer cette édition 2021 de son empreinte. La thématique initialement prévue en 2020 sur la collapsologie est maintenue cette année, mais en intégrant les leçons de la pandémie, sous le titre légèrement anxiogène (mais n’est-ce pas ce que l’on reproche souvent aux médias ?) de « La fin du monde a-t-elle commencé ? ». A moins d’un an de l’élection présidentielle, « Le peuple a-t-il toujours raison ? » se penchera, pour sa part, sur la crise de l’idéal démocratique et sur la question de la représentativité.

Très attendue au pays de la tomate et des vignobles marmandais, la thématique « Agriculteurs et consommateurs, même combat ? » se demandera si le malaise paysan et l’inquiétude des consommateurs ne sont pas les deux versants d’une même crise. Enfin, dans « Peut-on refermer la blessure coloniale ? », on rouvrira le débat sur les séquelles de la colonisation sur les générations nouvelles et sur les controverses soulevées par l’essor des études décoloniales.

Chacune de ces thématiques pourra être abordée en profondeur, puisque trois demi-journées y seront consacrées. Le Festival international de journalisme proposera également de nombreuses rencontres entre journalistes et festivaliers, des expositions autour de la photographie et de l’infographie, des projections de documentaires, des performances, lectures, spectacles et concerts (assis…), ainsi que des ateliers. Et même du football, puisque la finale de l’Euro 2021 sera diffusée en direct et sur grand écran, le dimanche soir.

Des animations pour les jeunes

La P’tite rédaction sera au rendez-vous pour accueillir les enfants des festivaliers : les moins de 12 ans joueront aux apprentis journalistes et distribueront chaque soir, dans les rues de Couthures, Le P’tit Monde, qu’ils auront rédigé dans la journée, alors que les adolescents rendront compte du festival sous forme de « story » Snapchat. La librairie éphémère et les producteurs du Lot-et-Garonne seront également présents pour nourrir, et pas seulement intellectuellement, les festivaliers.

Côté partenaires, avec les indispensables collectivités territoriales, Sud-Ouest, France 3 Nouvelle-Aquitaine et le « média local et indépendant » Far Ouest seront de nouveau au rendez-vous, tout comme les quotidiens Le Temps (Suisse) et El Pais (Espagne), rejoints cette année par The Guardian (Royaume-Uni) et la Süddeutsche Zeitung (Allemagne). Le prix Philippe-Chaffanjon du reportage rejoint la famille des partenaires, ce qui n’est que justice puisque le festival ne se serait jamais posé à Couthures si l’ancien directeur de France Info, mort en 2013, n’en avait fait le port d’attache familial.

En évoquant Couthures-sur-Garonne, le village a connu, début février, ses pires inondations depuis 1981, ce qui lui a valu trois soirs de suite les honneurs du journal télévisé de France 2. On en profitera donc pour demander aux habitants, dont la mobilisation pour organiser le festival n’a d’égale que celle qu’ils mettent à combattre la crue, ce qu’ils pensent du regard que posent les médias sur eux quand la Garonne vient leur rendre visite jusque dans leurs maisons.

Si tout va bien, la programmation complète du Festival international de journalisme, avec ses nombreux invités, sera annoncée dans la deuxième quinzaine d’avril et la billetterie ouverte simultanément. Ce serait assurément le signe que cet été s’annonce bien mieux que le précédent.

Par Gilles Van Kote, président du Festival International de Journalisme

____________

Un article que vous pouvez retrouver sur lemonde.fr : « Le Festival International de Journalisme sur de bons rails »
Par Gilles van Kote, le 3 mars 2021

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.