Est ce un retour de flamme ? Après une euphorie partagée sur l’éclat des cérémonies d’ouverture des Jeux de Paris 2024 vendredi 27 juillet , les critiques défilent ici et là. Par exemple, le show de Lady Gaga n’est pas en direct, mais retransmis sur un « écran géant, en face des gradins« . Mais l’enthousiasme après cette dernière semaine des Jeux Olympique laisse la place à beaucoup d’interrogations sur un futur gouvernement encore inconnu. Pourquoi et dans quel contexte ? Jean-Antoine Duprat expose ici son opinion à travers son regard averti sur l’histoire et l’image de la France.
« Avec plus d’un milliards de téléspectateurs dans le monde, l’image de la France a rarement été aussi exposé lors de cette cérémonie d’ouverture des Jeux Olympique de Paris 2024. Cent ans après les Jeux de 1924. Faites vos Jeux… rien ne va plus ?!
Côté face : quatre ans de préparation, quelque 9 milliards d’euros mis sur la table (dont « entre 3 et 5 » d’argent public précise le premier président de la cour des comptes, Pierre Moscovici) 45 000 policiers et gendarmes, 9000 sapeurs-pompiers, 10 000 militaires, des centaines d’agents de sécurité et d’artistes, aux cachets variant selon leur renommée, 320 000 spectateurs, plus d’un milliards de téléspectateurs, l’image de la France valorisée plus que jamais à travers la planète, comme scandent les organisateurs et trices, en particulier la mairesse de Paris pour qui « La fête ne va pas être gâchée, la fête va être belle ! »
Côté pile : pendant le mois et demi des Jeux olympiques et para-olympiques, Paris est en partie sous cloche. Sécurité oblige, la quasi-totalité des quais de Seine et la proximité des nombreux sites dispersés à travers la ville sont interdits à tous, sauf aux VIP, aux porteurs de billets ou de QR codes – pas toujours lisibles – avec, en prime, des embouteillages récurrents, qui brident les déplacements ; résultat : de nombreuses entreprises, notamment restaurateurs et cafetiers, sont privées de clients ; les hôteliers, quant à eux, sont très surpris par un taux de remplissage décevant, malgré le miracle touristique annoncé ! Et puis, totalement imprévu, le matin même de la cérémonie d’ouverture, vendredi 26 juillet, quatre attaques « terroristes » très ciblées, présumée d’ultra-gauche, dont trois réussies, désorganisent le trafic TGV national, un jour de départs en vacances massifs, laissant sur le quai plus de 800 000 voyageurs, dont plusieurs milliers en partance pour assister à l’ouverture des jeux… Le tout sur fond de chaos politique, depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale.
Mais les jeux ne sont-ils pas, aussi, le temps de la trêve olympique ?
Justement évoquée par le Président pour justifier le maintien en place de son gouvernement démissionnaire ; tandis que la gauche/extrême gauche, qui n’a pourtant qu’un tiers des siège dans une chambre à deux tiers au centre et à droite, revendique à grands cris le poste de chef du gouvernement ! Sa championne, la peu connue Lucie Castets, pure produit de l’énarchie, a de quoi exprimer tous ses regrets ; ancienne conseillère budgétaires d’Anne Hidalgo – certains d’ailleurs s’inquiètent de son rôle dans la dérive des finances de Paris, dont l’endettement est passée de 1 à près de dix milliards d’euros sous les mandatures socialistes successives depuis 2001 – aurait sûrement beaucoup apprécié d’être la Première ministre de ces Jeux !
Alors, Rien ne va plus ?!
En tous cas la fête d’ouverture, d’une durée de quatre heures, au fil de la Seine en partage, fut très bien ; enfin très bien pour la maire de Paris, pour le comité olympique, pour le président Emmanuel Macron au demeurant très discret – il a sans doute de bonnes raisons – pour le gouvernement sur le départ, notamment le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin, pour plusieurs médias français et étrangers, pour la nombreuse assistance qui est restée jusqu’au bout, malgré la pluie ; « joie », « diversité », « magique », « inédit », « grandiose »… les qualificatifs enthousiastes semblent se bousculer. Mais, en matière d’avis, il n’y a pas non plus de trêve olympique parfaite. D’autres parlent de « mauvais goût », de « vulgarité », de « ridicule », de « woke »… Certaines chorégraphies, du metteur en scène Thomas Jolly, sont mal, voire très mal passées ; comme cette représentation de Marie-Antoinette tenant sa tête décapitée, chantant « Ah ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la Lanterne », alors que de nombreux monarques, représentants des états amis, sont présents dans la tribune officielle ; curieuse image dans un pays qui a aboli la peine de mort, promeut les droits de l’homme et de la femme, prône la tolérance et le pardon. Au lieu de cette référence à 1793, début de la « Terreur », d’autres, non moins républicains, auraient préféré qu’on insiste sur 1789 et la création du drapeau tricolore : le blanc de l’étendard royal entre le bleu et le rouge du blason de Paris , symbole de réconciliation nationale !
Autre sujet polémique : un tableau – qui n’a d’ailleurs pas été diffusé dans tous les pays – semblant évoquer La Cène de Léonard de Vinci, avec un Jésus et des apôtres drag-queens, derrière un jovial Dyonisos, dieu des bacchanales, peint en bleu et fort dénudé… Et puis d’autres se sont étonnés qu’aucun tableau n’ait été dédié au baron Pierre de Coubertin – nouvelle cible des wokistes – simplement apparu en silhouette ; né à dans le 7ème arrondissement, le 1er janvier 1863, c’est quand même lui qui, en 1894, a relancé les Jeux Olympiques, dont la seconde édition a eu lieu à Paris en 1900 ; a fondé le Comité olympique international ; a imaginé les cinq anneaux olympiques entrelacés et de couleurs différentes qui, selon son explication, hommage à la diversité, « reproduisent celles de toutes les nations sans exception. » Heureusement, pour mettre tout le monde d’accord, il y a eu l’allumage de la vasque olympique qui va s’élever en ballon au-dessus des Tuileries, par deux triples champions olympiques, Marie-José Pérec et Teddy Riner ; et puis L’hymne à l’amour », grand succès de la légendaire Edith Piaf, magistralement interprété, du premier étage de la tour Eiffel, par une diva de notre époque, Céline Dion, très émue ; un hymne dont la dernière strophe « Dieu uni ceux qui s’aiment ! » a peut être fait dresser quelques cheveux laïcs, mais a surtout engendré une énorme émotion finale. Reste à effectuer une grande moisson de médailles… tricolores, bien sûr !
Jean Antoine DUPRAT pour ApprofonLire.fr
Auteur du Dictionnaire des nouvelles idées reçues
Edition Glyphe